Kii Hanto, Ise : voyage au sud de Kyoto

Kii Hanto est la péninsule au sud de Kyoto et Osaka, elle recouvre les préfectures de Wakayama (la plus au sud), Mie (à l'est), Osaka (à l'ouest) et Nara (au centre).

C'est une région assez peu touristique, mis à part les sites d'Ise et du Mont Koya, très prisé des français récemment (nous sommes plus circonspects).

Nous quittons Kyoto en voiture, à moins d'une heure de route, le Musée Miho nous ouvre ses portes.

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Conçu par l'architecte Pei (pyramide du Louvre...), ce musée présente une collection permanente relativement intéressante, mais qui ne vaut pas le voyage. L'exposition temporaire, elle, méritait vraiment cette petite halte, afin de découvrir des dizaines d'oeuvres sublimes du peintre Kyotoïte du XVIIIè siècle Jakuchu (1716-1800) dont deux paravents viennent d'être redécouverts et composent le clou de cette exposition, sans en être les plus belles pièces toutefois.

Du musée à Ise et Futami, étapes suivantes, autoroute récente sans grand intérêt, sinon celui de faire gagner du temps.

La région d'Ise, qui est, rappelons le, le sanctuaire shintoïste le plus sacré du Japon, demeure de la déesse du soleil Amaterasu, ancêtre de la famille impériale , gardienne de la nation japonaise. Mazette.

Mais avant d'aller voir le sanctuaire, nous décidons de nous rendre à Futami, 10 minutes de route, voir ces deux rochers mariés par une corde, un autre symbole touristique fort du Japon...

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Bof, il faut dire que la région d'Ise donne l'impression d'avoir été frappée de plein fouet par la crise des années 90 et ne s'en être jamais relevée. Au long des routes, des cafés-snacks-bars vieux style des années 70 abandonnés, des maisons dans un état de délabrement avancé, un sentiment de pauvreté généralisée comme rarement vu auparavant dans ce pays. Futami et Meoto-Iwa n'échappent pas à cette sensation : magasins de miyage d'un autre âge, quant aux rochers, re bof, la foule sur la corniche, on prend la photo et en cinq minutes, c'est plié, sans émotion particulière.

Il est temps d'aller au ryokan, où nous attend le premier kazokuburo, ou kashikiburo, du voyage.

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Il faut le dire : les salles de bain familiales sont maintenant à la mode... En deux ans, beaucoup de ryokan se sont équipés et ont conçu ces onsen privés qu'ils louent aux visiteurs de passage, et qu'ils font payer aux résidents. Le prix varie entre 2000 et 3500 yens les 45 minutes, que l'on soit résident du ryokan ou non.

Après le bain, le repas, et à Ise on mange du Ise-ebi, une sorte de langouste que l'on ne trouve que dans cette région du Japon. Le repas est constitué de sashimi de Iseebi (la chair jaunâtre sur la photo), fondant et croquant à la fois, de Iseebi en nabe, en gratin... Bref, de la langouste en veux-tu en voilà, l'élevage des crevettes fait des miracles et permet à tous de manger ce plat de fêtes à toutes les sauces. On dirait de la langouste de Cuba, à savoir que ce n'est pas mauvais, loin de là, mais un vrai homard breton pêché en mer surpasse cet animal qui n'a guère dû nager ou se battre pour manger. La même différence entre le poulet de batterie et le poulet fermier, le bar de ligne ou le bar d'élevage, le saumon fumé des fermes d'Ecosse et celui qui remonte les rivières...

La vraie découverte, dans ce plat, ce sont les algues qui sont d'une consistance et d'un goût rarement éprouvés depuis le temps que j'en mange, heureusement il y en avait une bonne quantité, on aimerait trouver les mêmes partout au Japon....

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Le ryokan est calme, et la nuit réparatrice... demain le sanctuaire, et la suite.

Je crois que ta dernière photo c'est le coup de grâce

Que veux-tu dire par là ? Pourtant je suis loin d'être positif sur cette journée, sinon le Musée Miho et l'expo Jakuchu, mais c'est vrai que le sashimi était fort bon, à la limite le poisson meilleur que le clou de l'entrée, madame Ise Ebi. Le vrai régal : les algues...

La suite demain, donc.

Si la visite n'a pas atteint des sommets d'intérêt merci quand même pour nous faire découvrir ce bout de Japon.

Le lendemain, donc, une pluie d'enfer, le typhon était là comme prévu, suffisamment éloigné des côtes pour ne pas faire craindre quoi que ce soit, mais ayant apporté sa cohorte de nuages noirs au dessus du Japon...

Donc, Ise a deux sanctuaires, le Naiku et le Geku.

J'avais lu que s'il fallait choisir, le Naiku était préférable, c'est le plus vénéré.
J'avais lu aussi que le sanctuaire est caché aux yeux du public, et qu'on y pénétrait par un pont.

Je n'avais pas prévu que Christo était passé par là, ce pont me rappelait furieusement le Pont Neuf en 1985... en tout cas impossible de passer dessus.

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(note : j'ai appris hier qu'ils viennent de le reconstruire, il sera inauguré le 3 novembre).(note 2 : tout ce qui est dans le du sanctuaire est reconstruit tous les 20 ans, les bâtiments actuels datent de 1993).

Donc un autre pont provisoire permet le passage de la rivière, et nous entrons dans une de ces belles forêts qui cerne en général les sanctuaires. Les gardiens du lieu sont bizarrement habillés comme des officiers SS, mais bon, on suit la foule de pépés et mémés japs vers le sanctuaire.

Et là, patatras, c'était vrai, on ne voit rien. Mais alors rien de rien, que la palissade qui cache ce lieu au public. Venir jusqu'ici pour une palissade, même pas belle d'ailleurs, sous la pluie battante, au moins je suis persuadé d'une chose : déconseiller aux voyageurs ALJ cette visite, à moins d'être habité par la foi shinto.

En chemin, je me demandais pourquoi les américains, pendant la guerre, n'avaient pas bombardé ce sanctuaire plutôt que Tokyo (plus de 100.000 morts en une nuit avec les bombes incendiaires), Hiroshima ou Nagasaki. C'est pas les quelques prêtres ou gardiens qui auraient manqué à l'humanité, et ça aurait sans doute fait plus mal aux dirigeants bornés du pays que tous les massacres de civils dus aux bombardements.

Et puis de toute façon le lieu est réservé exclusivement à la famille impériale et à quelques grands prêtres, alors vu que l'empereur a officiellement cessé d'être le grand manitou des shinto après avoir capitulé, ça n'aurait pas changé grand chose de briser en mille morceaux le miroir de Amaterasu, symbole bidon enchâssé à Ise, objet de cette arnaque totale.

Toujours sous la pluie, toujours dans cette région glauque au possible, nous continuons vers le sud, destination Nachi, la ville des pierres noires et de la cascade la plus haute du Japon.

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133 mètres.

C'est pas les chutes du Niagara, mais les cars de touristes sont bien présents, il faut dire qu'en cet endroit se trouve l'un des trois sanctuaire de Kumano, très vénéré par des pèlerins tout de blanc vêtus, qui normalement marchent de l'un à l'autre, mais on dirait que ceux du jour trichaient vu qu'ils étaient tous en bus (décidément, c'est pas le jour du shintoïsme sur le forum alj).

Clic-clac, photo, on repart vers l'auberge du soir, et on quitte Nachi avec le seul regret de ne pas avoir vu la rivière des pierres noires (les petits galets noirs qui tapissent le sol de certains magasins viennent de Nachi, mais bizarrement on ne les voit pas à Nachi même !)

Pas mal la cascade ....

Elle mesure combien ?

jolie cascade...

133 mètres...

J'ai même pas le temps d'écrire et d'aller me corriger...la prochaine fois je ferai ça à une heure où tout le monde dort...

haha DJ, toujours un plaisir de te lire , tu manies la plume le clavier comme un chef

d'ailleurs si il te venait a l'esprit un jour d'ecrire un livre sur ton experience au Japon, je serai ton premier client

santa a écrit:

haha DJ, toujours un plaisir de te lire , tu manies la plume le clavier comme un chef

d'ailleurs si il te venait a l'esprit un jour d'ecrire un livre sur ton experience au Japon, je serai ton premier client

tout-à-fait d'accord avec santa. je viens de lire DJ et ça me fait sacrément penser à Nicolas Bouvier

Merci les amis, si j'avais du talent, ça se saurait. Je ne vous en suis pas moins reconnaissant, comme tout un chacun j'aime avoir l'ego massé.

Donc on quitte Nachi sous la pluie, direction les trois onsen les plus renommés de tout le Kansai, vous allez comprendre.

Très vite on entre dans les terres et on retrouve le Japon qu'on aime. La rivière borde la route, et quelle rivière ! Des eaux cobalt (pas de photos, croyez moi sur parole), mais surtout, un lit de 200 mètres de large dans lequel s'écoule un filet de 10 mètres, la rivière, avec une vue splendide sur les montagnes environnantes. On remonte la rivière, on bifurque à un affluent vers Kawa-yu onsen, l'un des trois villages de onsen si réputés (les deux autres sont Yumomine et Watarase).

Et la pluie cesse enfin à l'arrivée au ryokan, le Fujiya, situé juste devant cet affluent.

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Et c'est là que ça devient surréaliste.

En effet, par un phénomène géothermique que je ne m'explique pas, l'eau chaude coule sous les galets. Pour prendre un bain chaud, il suffit de creuser, et hop on a un onsen. S'il est trop chaud, on se trempe dans la rivière.

Soyons honnêtes : la tracto pelle qu'on voit est en train de creuser le plus grand rotemburo du Japon, la saison d'hiver commence le 1er novembre et on est en plein préparatifs. Du coup, tous les petits rotemburo de l'été ont été arasés, et on ne peut se baigner dans le lit de la rivière. On y va voir quand même. Surprise : les pierres sont chaudes. On creuse un peu à la main, et c'est bien de l'eau chaude qui est en dessous. Surprenant, non ?

On se rabat donc vers le kashikiburo du Fujiya.

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Le bain, on ne s'en lasse pas.

En revanche, le soir, on se lasse un peu du repas. C'est la raison pour laquelle nous déconseillons d'aller deux soirs de suite en ryokan. On y mange bien, certes, mais trop ! La nourriture est bonne (nettement moins ici qu'à Iya, toutefois), mais nos estomacs ne sont pas habitués à ingurgiter et digérer autant de nourriture à 24 heures d'intervalle.

Deuxième nuit réparatrice dans le calme de la campagne japonaise, petit déjeuner on ne peut plus traditionnel (riz, poisson grillé, oeuf, légumes de montagne, tofu, tsukemono, j'en passe), et on entame la route du retour.

Premier arrêt à Kumano Hongu Jinja, l'un des trois fameux santuaires du Kumano Sanzan (avec Nachi et Kumano Hayatama Jinja). Le village, au bord de cette majestueuse rivière (pas celle du onsen, l'autre, la plus large), est pimpant, les pèlerins sont là, avec leurs bâtons et leurs Nike blanches. Seul hic, pour rentrer à Kyoto le GPS indique : 180 kms, 7h30 de route. On s'attend au pire.

Même si la route n'est pas vraiment rapide, elle a l'avantage d'être exceptionnellement belle. Très vite on passe au sud de Nara Ken, s'ensuivent 4 heures de trajet montagnard, entre vallées, rivières, villages qui semblent parfois surgis des temps reculés, lacs de montagne. On croise des régions de kakis (les fruits murs pendent aux arbres déjà effeuillés), des régions de mikan (la mandarine locale), et jusqu'à l'arrivée dans la ville de Gojo, au centre de Nara ken, la nature, en cette saison, est constamment belle et généreuse. Pas un seul combini en 90 kms, oui, c'est d'un autre Japon que nous parlons.

Gojo marque le début de la plaine du Yamato, cette plaine qui s'étend d'Osaka à Nara, berceau de la civilisation japonaise. Le berceau a mal vieilli : toutes les routes sont bordées de pachinko, Mac Donald, garages, Mall, sushi tournants, à se demander comment ces commerces peuvent tenir tellement ils sont nombreux. Tout est urbanisé, il reste quelques champs de riz épars, mais si peu. Pas un arbre. L'enfer après le paradis.

Direction : Horyuji.

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Situé à proximité de la ville de Nara, le Horyuji a la particularité d'être le berceau (encore un) du bouddhisme japonais, fondé en 607 par le prince Shotoku, saint patron du bouddhisme japonais. Les japonais aimant les superlatifs, le Horyuji est réputé aussi pour être la plus vieille structure en bois du monde. C'est aussi le premier monument japonais à avoir été inclus dans la liste de patrimoine de l'humanité de l'Unesco.

S'il était plus facile de s'y rendre depuis Nara, nous le proposerions dans notre visite de Nara, mais malheureusement il faut compter une bonne demi-journée entre le transport et la visite de ce temple qui s'étend sur plusieurs hectares. Les trésors du Horyuji sont parmi les plus précieux du bouddhisme japonais, mais notre oeil profane est-il capable de reconnaître Kannon ? L'ensemble dégage toutefois une puissance et une aura marquantes, surtout si l'on s'intéresse au Prince Shotoku, sorte de Jésus Christ local (je vous invite à aller consulter sa vie sur le net).

Voilà, fin de ce compte-rendu d'un petit tour à Kii Hanto, pour résumer :

- le sanctuaire le plus révéré du Japon,
- la plus grande cascade du pays,
- les meilleurs onsen du Kansai,
- le plus ancien temple du Japon, plus vieux bâtiments en bois du monde !

et j'en ai retenu surtout la beauté des rivières et montagnes du sud de Nara-Ken, qui expliquent peut-être l'amour des japonais pour la nature, et leur orientation religieuse, le shinto, qui glorifie cette nature à la fois cruelle et attachante.

DJ a écrit:

Que veux-tu dire par là ?

Que les photos donnent trop envie , mais pensant souvent avec mon estomac
la dernière photo a fini de me convaincre
Tu n'as pas l'air satisfait mais perso au vue des photos je suis convaincu que ça a l'air super à faire en excursions

Au début ,on dirait les photos de mes deux tentatives à Hakone.

Je comprends bien les photos des Onsens/bains, c'est le gros réconfort de la fin de journée dans ces cas là

C'est la fameuse rivière dont tu nous avais parlé , avec l'eau chaude qui affleure le lit de la rivière froide... çà doit être bien agréable aussi..si les tractopelles ont coupé leur moteur.